Il faudra bien que ça gaze Il faudra bien que ça gaze

«Un jour, il faudra mettre l’action en face des discours. » Cette phrase d’un responsable agricole traduit bien le paradoxe du biogaz en France. Alors que le gouvernement affiche des objectifs ambitieux de 1 000 méthaniseurs en 2020 dans le cadre du plan EMAA (1), les porteurs de projets manquent de visibilité sur les plans réglementaire, tarifaire, technique mais aussi concernant l’utilisation d’intrants dans les méthaniseurs. Certes, des travaux ont été engagés en matière de simplification administrative et les tarifs viennent d’être relevés pour les installations existantes. Mais sur ce dernier point, alors qu’un accord avait été trouvé sur l’extension des contrats de quinze à vingt ans, la promesse n’a finalement pas été tenue. Quant aux cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), leur incorporation dans les méthaniseurs ne devait pas être limitée. Mais un arrêté, actuellement en discussion, pourrait en décider autrement.

Bref, tout cela n’aide pas à la clarification pour les installations existantes, mais aussi pour ceux qui envisagent de se lancer. D’autant qu’une étude montre que deux sites sur trois en activité ont une rentabilité inférieure au prévisionnel. Ces installations n’atteignent pas le niveau de production prévu faute d’équipements adaptés à leurs intrants, de fiabilité du réseau électrique local ou d’approvisionnement complémentaire à la matière organique agricole. Mais aussi à cause d’une baisse des recettes sur les redevances déchets et la valorisation chaleur, et d’une sous-estimation des charges. Au rythme actuel, la France sera très en dessous des 1 000 méthaniseurs prévus en 2020. Pour y parvenir, il faudra donc créer les conditions, tant en termes de soutien, de tarifs que de simplification des procédures, pour que davantage de projets voient le jour dans le secteur agricole, avec une rentabilité sur la durée. Et ce, au bénéfice de l’environnement, du climat et des exploitations elles-mêmes.

(1) Energie, méthanisation, autonomie, azote.